Le premier cité par l’homme, nous vient bien évidemment du premier récit connu, celui de GILGAMESH, où ENKIDU, créature engendrée par les Dieux, devait s’opposer à celui-ci. Nous sûmes après, qu’elle se lia d’amitié pour lui.

Le dieu Shintoïste JURGIEN, incarnation de la longévité, était doté d’un crâne aux dimensions démesurées.

Le dieu Scandinave TYR, était manchot, son bras dévoré par le loup FENRIR.

Au chapitre mutilations, citons le brigand PROCRUSTE, qui allongeait les jambes des voyageurs les plus petits, et coupait celles des plus grands, afin que chacun soit égal en tous points à l’autre. Quelle idée ?

Au Moyen-âge, la Polymastie (ou comment posséder une mamelle de plus à la naissance) était considérée comme la marque certaine du diable, à l’image d’Anne de BOLEINE qui, n’étant pas gâtée par la nature, avait de plus à sa main gauche, un sixième doigt.

Les anciens Etrusques nous apprennent l’existence de CHARUN, un démon imageant la mort, et représenté par des cheveux en bataille, une bouche au rictus figé, une barbichette noire, et un long nez crochu.
Les légendes Bretonnes, nous content l’histoire d’un BISCLAURET, ou loup-garou, dont la femme adultère fut frappée d’une malédiction, car ses enfants femelles naissèrent toutes énasées.

La monstrueuse parade

Dans la lignée des mutilés en tous genres, citons les Céphalopodes, souvent des Saints, mais pas uniquement, qui une fois leur tête tranchée, la porte eux-mêmes en signe de rédemption, ou de défiance, toujours prêts à reconstituer l’entité d’origine.

C’est la Tératologie, qui par son intérêt portée aux formes exceptionnelles du corps, traite des monstres sous tous leurs aspects .

Les mutants, êtres différents par excellences, souvent supérieurs à l’homme en capacité et en pouvoirs divers, ne peuvent que se heurter à l’opposition des « normaux », qui leur jalousent leur potentiel, mais rarement leur esthétique.

Leur malheur provient très souvent de leur supériorité affichée. En effet, les principes de la compensation et de l’équilibre, font que bien souvent certaines qualités ou sens se développent et, malgré le handicap qui ne devient qu’apparent, les monstres nous sont en fait bien supérieurs.

Mais leur déconvenue ne s’arrête pas là, car les malformations, surtout en ces époques reculées, étaient un signe du démon, et de sa possession certaine de l’être concerné.

Elephant man

Comment pouvaient connaître en effet, Druides, apothicaires et seigneurs divers, l’acromégalie, la particularité de cette maladie qui conduit à un hyperfonctionnement de l’hypophyse, et à un grossissement exagéré et dispersé, de l’encéphale. En ces lointaines époques, cela ne pouvait en effet que constituer la représentation de l’empreinte du diable, sur le physique des hommes.
Certains surent néanmoins positiver cet apparent écart, tel l’acteur Reggie NALDER, défiguré par un incendie, et devenu par la force des choses, acteur d’épouvante (Mark of the devil), ou encore Rondo HATTON, journaliste de sa profession, et monstre en continu et sans un quelconque maquillage.

Notre Dame de Paris -1996-

Accidentelle ou volontairement différente, leur aspect excite notre fascination, et démontre également nos limites, celles de la contemplation de ce que nous aurions pu être.

Ce chapitre s’attardera donc sur les mutilés en tous genres, de la route, bien sûr, mais aussi par naissance, et surtout hélas de guerre.

C’est longtemps après celle de 1914-1918, que l’homme eut enfin le courage de signaler ces atrocités, notamment dans le film Français d’Abel GANCE, « j’accuse » en 1937 (titre qui rappelle la célèbre phrase de Jean JAURES), le cinéma s’est néanmoins emparé de l’idée beaucoup plus tôt, notamment en la présence marquée de Lon CHANEY.

Zraserhead

Lon CHANEY donc (voir § 7-1), l’homme aux mille visages, joua dans plus de cent rôles de composition différente, ce qui n’est déjà pas si mal, pour une très courte carrière. Il endossa en ces occasions toutes les malformations qu’il est possible d’imaginer. A l’époque du muet, il donna une âme à chaque film, où l’être diminué et indifférent aux yeux de tous, se retrouvait ensuite systématiquement au centre du tableau, grâce au talent de cet artiste.

Les siamois ou siamoises ont vu décrites leurs tortures internes et visibles, dans deux films au moins : Chained for life (1950) et l’épée magique (1962).
Dans les divers et comiques, notons les trois tétons du héros de Mark of the devil, avec Christopher LEE.

Un film a pu, su et osé réunir l’ensemble des particularités de ce que la terre a hébergé, La monstrueuse parade, de Tod BROWNING.

La monstrueuse parade

Film pathétique, choquant, interrogateur et démonstratif, il eut la particularité d’aller au bout de la vérité, dans une démonstration que seul à ce jour le réalisateur précité a eu le courage de mettre à nu. Il faut reconnaître cependant, qu’il était quelque peu particulier, et savait comment oeuvrer pour toujours se distinguer.

Dans un autre genre, La belle et la bête, et notamment la version de 1945 de Jean COCTEAU et avec Jean MARAIS, exalte un conte à l’atmosphère poignante, jusqu’au dénouement qui semble libérer les acteurs, mais les spectateurs aussi.

Notre dame de Paris

Le club des monstres, en 1980, tente de réunir sous le même objectif de caméra, une pléiade d’anciens de l’épouvante et de l’horreur, tels Vincent PRICE, Donald PLEASENCE et John CARRADINE.

La difformité est souvent congénitale, mais les raisons ne sont pas toujours décrites dans le film, seuls l’aspect prime, ainsi que le comportement noueux et torturé de l’involontaire protagoniste (Elephant man, Quasimodo/Notre Dame de Paris). Pour ce dernier, pas moins de 35 films furent tournés, à partir de ce chef-d'oeuvre de Victor HUGO, en voici quelques uns :

Le plus connu de ces monstres , est très certainement le Fantôme de l’opéra, issu de la capacité d’observation de Gaston LEROUX, et de son pouvoir imaginaire. Né en 1868, quelques années à peine après les premiers relevés topographiques nécessaires à l’implantation du futur édifice (L’Opéra de Paris), dont l’architecte Charles GARNIER devait en assurer la coordination des travaux.

Il baigne donc dans ce chantier pharaonesque, où propos et légendes allaient bon train. Il n’en fallait pas plus pour un esprit fécond, à une époque où les croyances populaires étaient ouvertes à tout.

Les accidents en tous genres engendrent enfin la plus importante source de mutilation, dont les stigmates tentent ensuite d’être dissimulés sous des masques, ou font l’objet de recherches obsessionnelles autour d’une très hypothétique guérison (Les masques de cire, Le monstre sans visage, Les yeux sans visage, Darkman).

Notre Dame de Paris -1923-